
La langue française et la loi
Essai
Depuis cinq siècles, le destin de la langue française a partie liée avec la loi. Ce fut le cas avec l’ordonnance de Moulins (1490), l’ordonnance de Villers-Cotterêts (1539) ou les nombreux textes de la Révolution française dirigés spécialement contre les « idiomes ». À cette histoire de l’unification et de l’universalisation linguistiques, a succédé, depuis maintenant un siècle, une autre histoire, celle d’une inquiétude linguistique qui a amené la France à se doter d’un appareil de normes légales exhaustif et jugé par certains comme étant particulièrement intrusif dans la liberté d’expression des individus.
En tant qu’elle désigne l’idéal d’une langue non discriminante socialement parce que l’orthographe et la grammaire en auraient été « simplifiées », l’inquiétude linguistique française est observable dans le droit dès le début du XXème siècle. En tant qu’elle désigne une langue menacée par l’anglais, cette inquiétude est politiquement ponctuée
par le traité de Versailles, la décolonisation et même par les élargissements de l’Union européenne qui sont la justification immédiate de la constitutionnalisation du français en 1992. La question immigrée, la question identitaire de la définition nationale et
le relâchement caractéristique de la « baisse du niveau » et de l’écriture numérique ont eux aussi excité la production de nombreux textes en défense de la langue française.
Cette emprise du droit dans la politique linguistique de l’État est néanmoins paradoxale dans la mesure où ce droit est à la fois le symptôme et le remède d’un mal diagnostiqué par Roland Barthes comme étant d’abord celui d’un défaut d’amour pour la langue
française. Comment passer du droit à la langue française prévu par la loi à l’amour de la langue française, telle est la question posée par cet essai.
350 pages
22,95 €
Pascal Mbongo
Sommaire
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Pascal Mbongo est diplômé de l’École des hautes études en sciences sociales, professeur des
facultés de droit à l’université de Poitiers, avocat au barreau de Paris, président du Cercle
français de droit des médias et de la culture. Ses activités d’enseignement, de recherche et de
conseil portent sur les libertés fondamentales et l’État de droit, la Constitution et les
institutions politiques, les médias et la culture, en France et aux États-Unis.
